dimanche 5 avril 2009

COMPTE-RENDU DU CHAMPIONNAT DU MONDE EN ESPAGNE

Pour ma PREMIERE COURSE HORS DE L’HEXAGONE, c’est en Espagne et plus précisément à Igualada que j’avais rendez-vous. Cette deuxième manche du WEC (World Enduro Championship) s’annonçait sous les meilleures auspices car même si je n’avais pas roulé le grand prix du Portugal je savais à quoi m’attendre, fort de ma petite expérience au grand prix de France l’an dernier.


Quand on pense à l’Espagne, chacun imagine le soleil, la plage, le bon temps ; Alors certes cette petite ville située à soixante kilomètres au nord ouest de Barcelone n’est pas une cité balnéaire mais on pouvait s’attendre à une METEO clémente, d’autant que le mois de mars avait été ensoleillé jusque là. Hélas ce week-end fut sur ce point CATASTROPHIQUE. Comme annoncé, dès le samedi matin la pluie s’est abattue sur la course, transformant la poussière en une pellicule glissante puis au fil des heures en une boue épaisse et gluante.
Coté organisation, le WEC est toujours IMPRESSIONNANT avec un paddock regorgeant de motos usine, de camions énormes abritant sous leur auvent des pilotes au palmarès long comme le bras et un public nombreux. Bref, c’est un autre monde.
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Nouveauté 2009, un prologue se court dès le VENDREDI soir, en nocturne. La spéciale ici choisie était l’extrême test jouxtant le paddock, en ville.
Les juniors partant en premier, nous avons eu la chance de rouler juste avant la tombée totale de la nuit ce qui est plus facile en terme de repères visuels.
J’abordais ce premier chrono avec pour objectif de m’appliquer pour ne pas y laisser de précieuses secondes car dans une spéciale si courte et si piégeuse il est impossible d’y faire la différence mais on peut y perdre gros. Après 1’35 d’effort, je remplis totalement mon contrat puisque sans avoir cherché à atteindre la limite j’effectue un prometteur 14EME temps chez les JUNIORS.



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Le point positif de ce prologue est de pouvoir rentrer progressivement dans la course et ainsi mieux dormir avant la grande bataille du week-end.
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SAMEDI justement, nous y voilà. Dès le réveil je jette un œil inquiet par la fenêtre, ça s’annonce mal… 9h59, l’horloge égrène les dernières secondes et c’est parti. Quelques minutes après j’arrive dans à la spéciale extrême que nous devons parcourir totalement cette fois. Alors que je suis bien parti, je me bloque à deux reprises dans le pierrier. Le problème est que je n’arrive pas à redémarrer et perds un temps énorme. Je suis dépité.
Dans la liaison qui suit, plutôt facile, je m’aperçois que mon frein avant ne fonctionne plus correctement. Je n’ai pas le temps de m’arrêter alors je fais abstraction de ce fait pour bien repérer la spéciale en ligne appelée enduro test. En effet celle-ci n’est pas chrono dans le premier tour et c’est tant mieux car elle est très technique.
Il y a des passages de marches difficiles et le chemin serpentant dans la montagne est vraiment très étroit. Il ne faut pas dévier de la trajectoire sous peine de sanction immédiate.
A la suite se trouve un CH serré où sont concentrées les principales difficultés du parcours de liaison. Je m’en sors bien et arrive à POINTER A L’HEURE.
Je rejoins le premier CH avec ravitaillement, mon assistance déjà prévenue purge mon frein avant, règle la richessse d’air pour résoudre le problème de démarrage et je repars pour la spéciale banderolée dénommée cross test. Elle se court sur trois champs pratiquement plats, au sol sec qui sous l’effet du passage répété des pilotes a formé une sorte de fesh fesh dans les virages et de longues ornières.
Ce chrono est très long puisque il faut environ dix minutes pour le parcourir.
JE PARS A BLOC mais je m’aperçois vite que mon problème de frein n’est pas résolu (on s’apercevra le soir que cela venait du disque qui dans un gros choc s’est voilé). Je dois faire avec mais ce qui devait arriver arrive, sur un freinage je tombe lourdement et me blesse à l’épaule et surtout au pouce. Mon chrono s’en ressent, mais le plus inquiétant reste ma blessure au pouce qui me fait souffrir.
Je rejoins paddock où se trouve le CH avec assistance qui marque la fin du premier tour. Même si je suis loin au classement, je m’accroche.
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Dans mon deuxième passage de l’extrême test, malgré tout, je me fais plaisir. Il n’en sera pas de même dans l’enduro test où je n’arrive pas à trouver le rythme. Mais ce n’est pas tout, alors que j’aborde une grosse marche je dois sauter sur les freins pour éviter un enfant qui traverse la piste devant moi. Je perds tout mon élan, essaie malgré tout de monter et fais finalement un salto arrière. Je me dis que J’AI VRAIMENT LA POISSE ! Je dois finir la spéciale avec un guidon tordu ce qui n’arrange pas mes affaires.
Une fois de plus j’arrive au terme du CH serré dans les temps, c’est très gratifiant.

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Après avoir remis mon guidon en place je m’élance dans la cross test devenue très glissante du fait de la pluie. Ces conditions associées à mon problème de frein avant rendent l’exercice vraiment périlleux ; Cela se traduira par deux chutes sur des freinages. En plus je repars derrière un pilote américain qui me bouchonnera jusqu’à l’arrivée. A la sortie de ce chrono j’ai vraiment très mal au pouce, je m’arrête alors à l’ambulance de service où le médecin diagnostique une ENTORSE. Je lui demande un strapping mais il me dit que dans ce cas là je serai obligé d’abandonner. Il est hors de question de jeter l’éponge alors je retourne à mon assistance qui se charge de ça.
Dans l’affaire j’ai perdu un temps que je ne pourrai pas rattraper sur ce CH court qui clôture le deuxième tour. Bilan je pointe avec trois minutes de retard.
Pour finir la journée nous devons encore faire un demi tour du circuit de liaison, l’extrême test et l’enduro test.
J’arrive à faire un temps honorable dans l’enduro test même si je ne suis toujours pas « dedans », perturbé par la douleur.
Je rallie ensuite sans embuche la spéciale extrême qui sous l’effet de la pluie est maintenant « hard ». Il faut dire que les organisateurs n’y sont pas allés de main morte quand ils l’ont tracée. Les troncs placés à la suite les uns des autres sont énormes, à enchainer avec des pierriers vraiment techniques, le tout entrecoupé de sauts parfois piégeux.
Juste avant la fin du chrono, dans le dernier pierrier, je bloque mes deux roues dans les pierres. Les pilotes qui me suivent viennent s’empiler sur moi, je suis obligé de sortir leur moto avant de m’extraire de ce piège si bien que je lâche encore un paquet de secondes.
Moi qui redoutais de ne pouvoir changer mon pneu avec mon pouce blessé réalise ceci sans problème et remets la moto au parc en espérant pouvoir repartir demain.
A froid j’ANALYSE ma journée : Plus que le classement je retiens l’abnégation dont j’ai fait preuve malgré les pépins qui se sont abattus sur moi au cours de la journée. Une de ces journées où je me dis que J’AI DU ME LEVER DU PIED GAUCHE …
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On a coutume de dire « après la pluie vient le beau temps » alors en ce DIMANCHE matin, même si les conditions météo sont toujours aussi mauvaises j’ai la gnac. Mon pouce est bien gonflé mais mon moral aussi alors j’y crois. Je n’ai pas fait autant de kilomètres pour tout arrêter comme ça.
Le programme est le même qu’hier : Deux tours et demi de liaison, à peu de chose près les mêmes temps pour les CH et trois spéciales. A noter quand même qu’une bonne partie du CH serré a été coupé du fait des conditions météo, ce qui n’est pas fait pour me déplaire.
Avec la pluie qui s’abat toujours autant, je vois dans le regard de nombreux autres pilotes qu’ils sont inquiets pour la suite. J’AI UNE CARTE A JOUER.

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Je m’élance pour l’extrême test, qui ressemble à un champ de boue, les troues d’eau faisant suite à des rochers devenus intenables, et les rares parties plates sont dignes du trophée Andros coté glisse… Je préfère emprunter la dérivation dans le dernier pierrier et assurer. Dans ces conditions le temps est bon, 18EME.
Maintenant que je suis chaud, je sais que même s’il est douloureux, mon pouce ne m’empêchera pas de finir. Je suis rassuré. Dès les premiers kilomètres de liaison je sais qu’il y aura un écrémage et que seuls les plus préparés s’en sortiront. La boue se colle partout, la moto s’alourdit de plusieurs kilos, tout comme les bottes, sans parler des lunettes qu’il faut épargner sous peine de ne plus rien voir.
J’aborde l’enduro test de façon plus sereine qu’hier, ce que je ressens dès les premiers passages délicats. Je suis dans le rythme… Jusqu’à ce que je ressente un choc à l’arrière sur une pierre. Une fois de plus c’est le disque de frein qui a pris, mais à l’arrière cette fois. Je finis en attaquant malgré tout, c’est souvent « chaud » : Bilan, 25EME.
Le CH serré ayant été modifié j’arrive à la cross test plus frais et heureusement car la spéciale ressemble a un cimetière à motos, la boue faisant chauffer les moteurs, particulièrement les 4 temps.
Je ne suis pas un spécialiste de la boue mais je m’en sors plutôt bien. Je ne tombe pas et sors indemne de ce chrono très éprouvant physiquement. Ma 250 SHERCO a parfaitement résisté au traitement de choc qui lui a été imposé, donc je suis content.
Je finis ce premier tour de liaison tranquillement, physiquement je n’ai pas trop puisé dans mes réserves donc je suis serein. En plus la pluie a tendance à diminuer, ce qui met du baume au cœur.
Retour dans la spéciale extrême où cette fois je n’emprunte pas la dérivation du pierrier. Cela se passe très bien tout comme sur les autres obstacles du chrono. Je sors mon meilleur temps du week-end, 6EME. J’AI LE SOURIRE !

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Dans la liaison qui suit je reste concentré malgré l’euphorie. J’enchaine ensuite par l’enduro test dans laquelle je commets moins d’erreurs. J’ai encore moyen d’améliorer mon temps mais au fil des passages je sens que JE PROGRESSE malgré la fatigue. En effet dans ce tour j’ai un léger coup de mou physiquement. Ce n’est pas la raison qui me fait pointer en retard au CH mais un bouchon dans une difficulté, dommage.

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Dans l’ultime passage de la cross test qui a commencé à sécher je fais un bon temps pour accrocher la 15EME place juniors.
Retour au stand pour le dernier ravitaillement avant l’arrivée. Mon assistance me booste et en avant !
Dans l’extrême, spéciale où j’aurai finalement pris le plus de plaisir, je reste sur ma lancée avec un 10EME temps juniors.
Dans l’enduro test j’ai à cœur d’améliorer encore mon chrono et cela se passe ainsi. Outre le fait de prendre plus de plaisir, ca montre que même handicapé je peux encore augmenter le rythme. Je suis curieux de savoir comment se serait passée ma course sans ces avaries.
En guise de bouquet final nous faisons un ultime chrono dans l’extrême test que je connais maintenant parfaitement, ce n’est qu’une formalité avalée à un rythme soutenu.

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Au moment de passer la ligne d’arrivée je fais un rapide BILAN : Malgré la déconvenue du samedi je n’ai pas lâché l’affaire, je me suis accroché et j’ai eu raison car dimanche plus la course a avancé et plus j’ai pris du plaisir tout en faisant de bons temps.
J’ai réussi à décrocher MON PREMIER POINT en championnat du monde junior et dans ces conditions c’est POSITIF.
Physiquement j’ai eu de bonnes sensations ce qui prouve que la préparation effectuée cet hiver commence à payer.J’ai encore emmagasiné de l’expérience, ce qui me sera très utile dans le futur quand les conditions de course seront difficiles. Enfin je tiens à remercier mon assistance, toute l’équipe SHERCO qui a fait du super boulot pendant ce week-end et sans qui je n’aurais sans doute pas réussi, et enfin Pierre Marie Castella pour m'avoir montré les bonnes trajectoires lors des repérages et de la course.

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