dimanche 1 juillet 2012

C.R. DU FRANCE A AIGLUN ET RAND'AUVERGNE : J’AI ROULE SUR LA LUNE… RETOUR SUR TERRE DIFFICILE !

Alors là vous vous dites « Qu’est-ce qu’il nous raconte ?  Il est tombé sur la tête ou quoi ? »
Place aux explications : Mardi 12 juin, 7h56, 5-4-3-2-1- décollage ! Non pas de Cap Canaveral ou Kourou mais de mon Aveyron natal, direction Dignes les bains à bord de ma fusée (comprenez mon fidèle Vito avec la caravane aux fesses) pour la deuxième manche du championnat de France. Le voyage est long mais en fin de journée j’atteins le parc coureurs où je m’arrime au campement de Soyouz déjà présents. Parmi ces aventuriers des temps modernes se trouvent notamment Xavier De Soultrait, Paul Poyeton, Antonio Dieu ou Mathias Bellino. Bel équipage…
Le lendemain nous attaquons les reconnaissances. Le soleil est au rendez-vous, ce qui ici impliquera irrémédiablement la présence de poussière sous une chaleur caniculaire. Nous sommes en milieu hostile ! 
Il suffit cependant de lever les yeux des futures trajectoires que nous étudions durant des heures pour nous apercevoir que la région est sublime, majestueuse. Le cadre des spéciales est grandiose. Il conjugue passages en sous-bois, sur des prairies à l’herbe rase mais aussi et surtout dessine des arabesques dans des canyons arides et désertiques. La terre y est noire, légère comme de la poudre, ce qui nous ferait presque croire que nous sommes sur la lune. Nous y voilà !
D’un point de vue pilotage les tracés sont relativement étriqués, donc avec ma 450 il me sera assez difficile de tenir un gros rythme tout en m'économisant. Il me faudra être dynamique pour slalomer efficacement.

Samedi matin, 9h03, je suis sur le pas de tir (en autres termes le podium de départ…). Je ne suis pas fébrile, je connais ma mission : Aller chercher de gros points. Les deux premiers chronos sont positifs puisque j’y réalise les 5ème et 4ème temps de la catégorie junior. Mais les écarts sont réduits et ça avionne donc je n’ai pas le droit de baisser le rythme, d’autant que Bérenger Carrier profite d’une erreur de ma part en fin de premier tour pour me doubler au provisoire. Les heures passent et le soleil est de plus en plus présent. La chaleur est assommante et la liaison loin d’être une ballade rafraîchissante. Nous ne prenons pas beaucoup de vitesse donc ça chauffe sous le casque.
Dans le deuxième tour je fais le job en sortant des temps « honnêtes » (7ème, 5ème, 4ème) qui me permettent encore de jouer la 4ème place du jour. Il faut dire que le trio de tête est ultra rapide ; Mathias Bellino le leader réalisant lui des temps que je qualifierais d’extraterrestres puisqu’il est proche du scratch toutes catégories !
Ceci ne pourrait être qu’anecdotique mais dans les conditions climatiques extrêmes que nous subissons tous je pompe énormément sur mon Camelbak, tant et si bien qu’en cours de deuxième tour je dois refaire le plein.
Mauvaise surprise, alors que mon assistance habituelle n’est pas à mes cotés, je m’aperçois que je n’ai plus de « Propergol » en réserve (ma boisson énergétique). Je suis donc obligé de remplir mon Camelbak avec de l’eau. Effet quasi immédiat, mon corps me fait comprendre qu’il ne supporte pas ce changement de régime ; J’ai d’abominables crampes d’estomac et dois même m’arrêter en liaison pour vomir. Inutile de vous dire que dans ces conditions la chasse au chrono s’avère difficile. Je suis plutôt en mode survie...
Je puise au plus profond de moi pour tenir jusqu’au bout. Je m’économise en liaison, quitte à arriver avec moins de marge aux contrôles horaires et réussis à limiter les dégâts en spéciales puisqu’avec les 7ème, 8ème et 8ème temps je décroche la 5ème place finale de la journée.
Comme aurait pu le dire Neil Armstrong en son temps, « un petit pas pour l’homme, un grand pas pour le championnat » !
Une fois la moto remise au parc je mets le paquet sur l’hydratation et mange consciencieusement pour faire le plein de sucres lents, car la journée du lendemain s’annonce tout aussi éprouvante.
  
Dimanche matin, je n’ai pas encore posé les fesses sur ma moto que le sort s’acharne sur moi. Des aliens (je me modère) ont profité de la nuit pour voler mes deux tentes paddocks. J’enrage ! Cela me met de très mauvaise humeur. Reste à transformer cette colère en élément positif pour faire tomber les chronos, faute de pouvoir faire tomber les coupables.
Cette fois, pas question de manquer de munitions donc j’ai préparé une grosse quantité de boisson énergétique, de quoi tenir un siège. Compte tenu des carences de la veille dès le départ je bois très fréquemment, ce qui me permet de ne pas subir de coup de mou durant la course. Un point positif d’autant que faute de tente paddock je dois passer la journée en plein cagnard, sous des abris de fortune.
Coté sportif je suis bien, voire très bien. J’ai de bonnes sensations et réussis à être régulier tout au long du parcours. Mes résultats oscillent entre la 3ème et la 6ème position. Je décroche mon meilleur chrono dans l’ultime spéciale, la spéciale extrême qui est très technique ce qui prouve que j’ai la caisse.
De retour à la base je constate avec plaisir que j’obtiens la 4ème place au cumul de la journée. Mes efforts ont payé, mission accomplie ! Alors certes je ne suis toujours pas monté sur le podium mais je me rapproche des étoiles, et d’ici la fin de saison les éléments finiront bien par m’être favorables.
Cela est d’autant plus vrai que je bénéficie de l’abandon de Romain Boucardey pour recoller au classement provisoire du championnat, 4ème à trois points du podium. Tout est possible, je veux le podium final et je l’aurai, alors vivement la prochaine épreuve !

Dès la course terminée, ayant toujours en travers de la gorge de m’être fait voler mes tentes, je remballe tout avec l’aide de mes potes et de mon assistance d’un week-end (merci les amis pour le dépannage). Bon, j’aurai tout de même passé une semaine agréable car entre pilotes nous nous sommes entraidés, que ce soit pour les déplacements ou la popote et nous avons partagé de franches rigolades. C’est aussi ça l’enduro.

Je reprends les commandes de ma fusée direction la planète enduro suivante, en l’occurrence Ambert pour la Rand’Auvergne qui se dispute le week-end suivant.
Avec dix spéciales à reconnaître je n’ai pas de temps à perdre, d’autant que je dois aussi reconditionner ma moto par mes propres moyens puisque je ne passerai pas par l’atelier de Yamaha Les 2 roues.
La bonne nouvelle de ce début de semaine est que Pascal Gimeno, boss de PAG-COM met généreusement à ma disposition une tente paddock pour finir la saison. Ca me fait chaud au cœur et me dépanne vraiment beaucoup, je lui en suis donc très reconnaissant.
Le spéciales sont ma-gni-fi-ques : Longues voire très longues comme on en voit peu, variées, tracées dans un cadre idyllique c’est vraiment du premier choix. Nous pilotes français avons tellement l’habitude d’organisations bien rôdées et de parcours de qualité que nous finissons par oublier que nous sommes gâtés.
Par contre fini le décor lunaire, dans le Livradois Forez je suis bien de retour sur terre ou plutôt en forêt car une grande partie du décor est composée de résineux. Cette épreuve est le terrain favori des spécialistes des tracés en herbe comme Manu Albepart ou autres enduristes pur jus. J’ai donc mon mot à dire.

Je kicke très tôt samedi matin, petit numéro et nombre important de concurrents oblige. Dans le premier chrono l’herbe n’est pas encore sèche et comme il n’y a pas d’appui les risques de glissade sont grands. Je roule donc plutôt prudemment, ce qui ne veut pas dire que je joue les touristes pour autant. 9ème temps, je reste au contact.
Le forézien étant semble-t-il taquin, nous découvrons au cours de la liaison une spéciale surprise, qui comme son nom l’indique était secrète donc non reconnue. Tous les pilotes sont logés à la même enseigne et je me sors très bien de cet exercice. Je sors un beau 5ème temps devant des cadors comme Sylvain Lebrun. Je reste sur cette dynamique dans la spéciale de Marat ou je m’adjuge à nouveau le 5ème chrono en prenant du plaisir à rouler. C’est bon ça…

Je suis gonflé à bloc mais soudain, alors que je n’ai même pas encore atteint le CH2, ma moto s’arrête. Je comprends vite que c’est grave. Houston ne répond plus…
Mon assistance me rejoint, nous commençons par démonter l’embrayage, ce n’est pas ça. La mort dans l’âme, après avoir cherché en vain la cause du problème je suis obligé de charger la moto dans le camion, retour à Ambert pour une opération à cœur ouvert du moteur.
Une fois ouvert, consternation. Le ressort du tendeur de chaine de distribution a cassé, ce qui a détendu la chaine et décalé la distribution. Devant le risque que soupape et piston se soient rencontrés je jette l’éponge, fin de chantier. Dur retour sur terre… L’idée qu’une pièce à deux euros ait stoppé ma course me mine mais ça fait partie des aléas des sports mécaniques et il faut l’accepter.

Que retenir de cette mésaventure ? Tout d’abord que je suis dans le coup et que j’avais les cartes en mains pour finir dans le top 5, et cela me convainc que j'ai ma place parmi les tops pilotes français alors je positive et repars à l’attaque !

Merci à toutes les personnes qui me suivent, m'encouragent et me donnent envie et moyens d'aller encore plus loin.

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