Place aux explications : Mardi 12 juin, 7h56, 5-4-3-2-1- décollage ! Non pas de Cap Canaveral ou Kourou mais de mon Aveyron natal, direction Dignes les bains à bord de ma fusée (comprenez mon fidèle Vito avec la caravane aux fesses) pour la deuxième manche du championnat de France. Le voyage est long mais en fin de journée j’atteins le parc coureurs où je m’arrime au campement de Soyouz déjà présents. Parmi ces aventuriers des temps modernes se trouvent notamment Xavier De Soultrait, Paul Poyeton, Antonio Dieu ou Mathias Bellino. Bel équipage…
Le lendemain nous attaquons les reconnaissances. Le soleil est au rendez-vous, ce qui ici impliquera irrémédiablement la présence de poussière sous une chaleur caniculaire. Nous sommes en milieu hostile !
Il suffit cependant de lever les yeux des futures trajectoires que nous étudions durant des heures pour nous apercevoir que la région est sublime, majestueuse. Le cadre des spéciales est grandiose. Il conjugue passages en sous-bois, sur des prairies à l’herbe rase mais aussi et surtout dessine des arabesques dans des canyons arides et désertiques. La terre y est noire, légère comme de la poudre, ce qui nous ferait presque croire que nous sommes sur la lune. Nous y voilà !
D’un point de vue pilotage les tracés sont relativement étriqués, donc avec ma 450 il me sera assez difficile de tenir un gros rythme tout en m'économisant. Il me faudra être dynamique pour slalomer efficacement.
Samedi matin, 9h03, je suis sur le pas de tir (en autres termes le podium de départ…). Je ne suis pas fébrile, je connais ma mission : Aller chercher de gros points. Les deux premiers chronos sont positifs puisque j’y réalise les 5ème et 4ème temps de la catégorie junior. Mais les écarts sont réduits et ça avionne donc je n’ai pas le droit de baisser le rythme, d’autant que Bérenger Carrier profite d’une erreur de ma part en fin de premier tour pour me doubler au provisoire. Les heures passent et le soleil est de plus en plus présent. La chaleur est assommante et la liaison loin d’être une ballade rafraîchissante. Nous ne prenons pas beaucoup de vitesse donc ça chauffe sous le casque.
Dans le deuxième tour je fais le job en sortant des temps « honnêtes » (7ème, 5ème, 4ème) qui me permettent encore de jouer la 4ème place du jour. Il faut dire que le trio de tête est ultra rapide ; Mathias Bellino le leader réalisant lui des temps que je qualifierais d’extraterrestres puisqu’il est proche du scratch toutes catégories !
Ceci ne pourrait être qu’anecdotique mais dans les conditions climatiques extrêmes que nous subissons tous je pompe énormément sur mon Camelbak, tant et si bien qu’en cours de deuxième tour je dois refaire le plein.
Mauvaise surprise, alors que mon
assistance habituelle n’est pas à mes cotés, je m’aperçois que je n’ai plus de
« Propergol » en réserve (ma boisson énergétique). Je suis donc
obligé de remplir mon Camelbak avec de l’eau. Effet quasi immédiat, mon corps
me fait comprendre qu’il ne supporte pas ce changement de régime ; J’ai d’abominables crampes d’estomac et dois même m’arrêter
en liaison pour vomir. Inutile de vous dire que dans ces conditions la
chasse au chrono s’avère difficile. Je suis plutôt en
mode survie...
Je puise au plus profond de moi
pour tenir jusqu’au bout. Je m’économise en liaison, quitte à arriver avec
moins de marge aux contrôles horaires et réussis à limiter les dégâts en
spéciales puisqu’avec les 7ème, 8ème et 8ème
temps je décroche la 5ème place finale de
la journée.
Comme aurait pu le dire Neil
Armstrong en son temps, « un petit pas pour
l’homme, un grand pas pour le championnat » !
Une fois la moto remise au parc je
mets le paquet sur l’hydratation et mange consciencieusement pour faire le
plein de sucres lents, car la journée du lendemain s’annonce tout aussi
éprouvante.
Dimanche matin, je n’ai pas encore posé
les fesses sur ma moto que le sort s’acharne sur moi. Des aliens (je me modère)
ont profité de la nuit pour voler mes deux tentes paddocks. J’enrage !
Cela me met de très mauvaise humeur. Reste à transformer cette colère en
élément positif pour faire tomber les chronos, faute de pouvoir faire tomber
les coupables.
Cette fois, pas question de
manquer de munitions donc j’ai préparé une grosse quantité de boisson
énergétique, de quoi tenir un siège. Compte tenu des carences de la veille dès
le départ je bois très fréquemment, ce qui me permet de ne pas subir de coup de
mou durant la course. Un point positif d’autant que faute de tente paddock je
dois passer la journée en plein cagnard, sous des abris de fortune.
Coté sportif je suis
bien, voire très bien.
J’ai de bonnes sensations et réussis à être régulier tout au long du parcours.
Mes résultats oscillent entre la 3ème et la 6ème
position. Je décroche mon meilleur chrono dans l’ultime spéciale, la spéciale
extrême qui est très technique ce qui prouve que j’ai la caisse.
De retour à la base je constate
avec plaisir que j’obtiens la 4ème place au
cumul de la journée. Mes efforts ont payé, mission accomplie !
Alors certes je ne suis toujours pas monté sur le podium mais je me rapproche
des étoiles, et d’ici la fin de saison les éléments finiront bien par m’être
favorables.
Cela est d’autant plus vrai que je
bénéficie de l’abandon de Romain Boucardey pour recoller
au classement provisoire du championnat, 4ème à trois points du
podium. Tout est possible, je veux le podium final et je l’aurai, alors
vivement la prochaine épreuve !
Dès la course terminée, ayant
toujours en travers de la gorge de m’être fait voler mes tentes, je remballe
tout avec l’aide de mes potes et de mon assistance d’un week-end (merci les
amis pour le dépannage). Bon, j’aurai tout de même passé une semaine agréable
car entre pilotes nous nous sommes entraidés, que ce soit pour les déplacements
ou la popote et nous avons partagé de franches rigolades. C’est aussi ça
l’enduro.
Je reprends les commandes de ma
fusée direction la planète enduro suivante, en l’occurrence Ambert pour la Rand’Auvergne qui se dispute le week-end suivant.
Avec dix
spéciales à reconnaître je n’ai pas de temps à perdre, d’autant que je
dois aussi reconditionner ma moto par mes propres moyens puisque je ne passerai
pas par l’atelier de Yamaha Les 2 roues.
La bonne nouvelle de ce début de
semaine est que Pascal Gimeno, boss de PAG-COM met
généreusement à ma disposition une tente paddock pour finir la saison.
Ca me fait chaud au cœur et me dépanne vraiment beaucoup, je lui en suis donc
très reconnaissant.
Le spéciales sont
ma-gni-fi-ques : Longues voire très longues comme on en voit peu, variées,
tracées dans un cadre idyllique c’est vraiment du premier choix. Nous pilotes français avons tellement l’habitude
d’organisations bien rôdées et de parcours de qualité que nous finissons par
oublier que nous sommes gâtés.
Par contre fini le décor lunaire,
dans le Livradois Forez je suis bien de retour sur terre ou plutôt en forêt car
une grande partie du décor est composée de résineux. Cette épreuve est le
terrain favori des spécialistes des tracés en herbe comme Manu Albepart ou
autres enduristes pur jus. J’ai donc mon mot à dire.
Je kicke très tôt samedi matin, petit numéro et nombre important de
concurrents oblige. Dans le premier chrono l’herbe n’est pas encore sèche et
comme il n’y a pas d’appui les risques de glissade sont grands. Je roule donc
plutôt prudemment, ce qui ne veut pas dire que je joue les touristes pour
autant. 9ème temps, je reste au
contact.
Le forézien étant
semble-t-il taquin, nous découvrons au cours de la liaison une spéciale
surprise, qui comme
son nom l’indique était secrète donc non reconnue. Tous les pilotes sont logés
à la même enseigne et je me sors très bien de cet exercice. Je sors un beau 5ème temps devant des cadors comme Sylvain
Lebrun. Je reste sur cette dynamique dans la spéciale de Marat ou je m’adjuge à
nouveau le 5ème chrono en prenant du
plaisir à rouler. C’est bon ça…
Je suis gonflé à bloc mais
soudain, alors que je n’ai même pas encore atteint le CH2, ma moto s’arrête. Je comprends vite que c’est grave. Houston ne répond plus…
Mon assistance me rejoint, nous
commençons par démonter l’embrayage, ce n’est pas ça. La mort dans l’âme, après
avoir cherché en vain la cause du problème je suis obligé de charger la moto
dans le camion, retour à Ambert pour une opération à cœur ouvert du moteur.
Une fois ouvert, consternation. Le
ressort du tendeur de chaine de distribution a cassé, ce qui a détendu la
chaine et décalé la distribution. Devant le risque que soupape et piston se
soient rencontrés je jette l’éponge, fin de chantier. Dur retour sur terre… L’idée qu’une pièce à deux euros ait stoppé ma course me
mine mais ça fait partie des aléas des sports mécaniques et il faut
l’accepter.
Que retenir de cette
mésaventure ? Tout d’abord que je suis dans le coup et que j’avais les
cartes en mains pour finir dans le top 5, et cela me convainc que j'ai ma place
parmi les tops pilotes français alors je positive et repars à l’attaque !
Merci à toutes les personnes qui me suivent, m'encouragent et me donnent envie et moyens d'aller encore plus loin.
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