vendredi 27 juillet 2012

COMPTE -RENDU DU FRANCE A CHABRELOCHE


Moins d’un mois après la Rand’Auvergne, me voilà  de retour dans ce que je qualifierai de triangle d’or de l’enduro français (Noirétable / Brioude / Ambert pour faire simple).
En effet le Montoncel Racing nous accueille une nouvelle fois dans les bois noirs de la région de Noirétable pour la troisième manche du championnat de France.
Je ne vais pas dire que je connais la région comme ma poche mais étant donné que ce club organise régulièrement, et avec qualité, championnats de France, du monde ou The race, je n’arrive pas en terrain inconnu. Ici ce n’est pas pour les rigolos, c’est du vrai enduro. Les liaisons sont toujours longues et usantes, de celles qui laissent des ampoules aux mains et des courbatures à tous les muscles (et font même redécouvrir des muscles dont on ne soupçonnait même pas l’existence si vous voyez ce que je veux dire).

Je ne change pas mes habitudes et arrive sur place en début de semaine pour retrouver la bande de d’jeuns (Bellino, De Soultrait, Dieu, Poyeton, De-maria, Morteveille) de l’enduro circus français. Pour le coup c’est plutôt ambiance Djobi Djoba, chacun ayant pris d’assaut le stade du village avec fourgon et caravane.
Les déplacements pour le repérage des spéciales se font en équipe mais chacun a sa méthode et son rythme, donc l’exercice reste solitaire. On s'entraide malgré tout pour trouver les bonnes trajectoires dans les passages les plus délicats, si bien qu’après deux passages minutieux dans  chaque tracé le tour est joué.

Les spéciales, au nombre de trois, sont variées. Du « made in Auvergne » avec de grandes portions dans des prairies verdoyantes sans appui, totalement vierges (mais cela ne durera pas…) mais aussi des passages techniques dans du dévers et des racines. Cela me donne vraiment l’envie d’y rouler car c'est une surface que j'apprécie et sur laquelle je fais généralement de bons résultats.

C’est donc avec la bave aux lèvres (OK là j’exagère peut-être un peu…) que je m’élance en ce samedi 14 juillet. La météo n’est pas extraordinaire pour défiler mais parfaite pour rouler. Ni trop chaud ni trop froid avec un terrain humide sans être boueux pour autant. Plein de bonnes intentions, je pars la fleur au fusil. Je prends la journée par le bon bout puisque j’ouvre mon compteur avec la 3ème place dans le premier chrono, à 1 seconde du scratcheur. La journée s’annonce serrée…
Mes bonnes sensations se confirment dans la spéciale suivante d’où je sors avec le 2ème temps. C’est bon ça ! Je roule totalement libéré donc je fais très peu d'erreurs. Je retrouve les sensations que j’avais connu lors de la Rand’auvergne (en tout cas le peu que j’y ai roulé…), à savoir que je roule bien et qu’en plus je m’amuse... que demander de plus ?
Rebelote dans la dernière spéciale du premier tour : 2ème et encore proche du missile Bellino au cumul, ce qui cette année relève de l’exploit.
La dernière portion du parcours de liaison est la plus éprouvante, truffée de cailloux avec du dénivelé. Je sais qu’elle va laisser des traces à bon nombre de concurrents mais je m’en sors parfaitement.

A mon arrivée lors du deuxième tour, les spéciales ont déjà bien bougé. Ce n’est pas encore un champ de bataille mais de gros appui de terre meuble se sont déjà formés par endroits. Fort heureusement je peux compter sur la puissance de ma 450 Yamaha pour m'en extraire façon char Leclerc dans la gadoue. Je me régale !
Je fais preuve de régularité puisque je décroche à nouveau les 2ème, 4ème et 2ème temps sans aucune anicroche. Tout glisse comme sur du velours et je tiens fermement la 2ème place provisoire. Ce n’est pas l’état de grâce mais cela s’en approche.

Dans l’ultime tour je ne fais pas forcément un baroud d’honneur puisqu’après avoir obtenu un beau 2ème temps je finis sur deux 6ème temps. Je n’ai pas voulu hypothéquer le travail accompli depuis le matin et j’ai donc quelque peu assuré.
Je rejoins mon assistance pour la mécanique du soir où toute mon équipe est encore concentrée sur les vérifications d’usage tandis que je change mon pneu tranquillement.
Ce n’est qu’une fois la moto au parc que nous pouvons savourer l’instant. Je monte sur la deuxième marche du podium pour la première fois de la saison. Opération réussie !!!
Je suis aux anges car cela commençait à faire un moment que mon entourage, mes partenaires, mes supporters et moi-même attendions ce moment. Ce podium, qui je l’espère en appellera d’autres, est la meilleure des façons pour moi de remercier toutes les personnes qui croient en mes capacités, m’aident techniquement, financièrement ou tout simplement en me supportant sur les courses.
En plus mon frère était de retour aux affaires en tant qu'assistant (aide de camp ?) sur les spéciales ce week-end ce qui était le top. Place au feu d’artifice !!!

Dimanche matin, à peine suis-je levé que je sais que la journée va être dure. Non pas que je sois marqué physiquement mais il a beaucoup plu dans la nuit et il semble que cela doive continuer. Ca fait partie du jeu mais cela va inévitablement rendre le terrain très très glissant, ce qui n’est pas forcément à mon avantage car je ne suis pas le roi de la gadoue.
Je dois avoir des dons extralucides car dans la première spéciale qui est très piégeuse je perds l’avant et mords non pas la poussière mais la boue…
Le temps de me relever, redémarrer, me relancer qu’un gros paquet de secondes s’envole. 11ème temps, la bataille de la remontée sur mes adversaires a commencé. Il me reste huit chronos pour cela, le compte à rebours est enclenché.
Dans ces conditions bien spécifiques, la hiérarchie est quelque peu bousculée, les spécialistes des terrains gras reprenant l’avantage. Sans être irrésistible je cravache pour grappiller des secondes et surtout des places mais cela se fait au forceps. Je navigue tout au long de la journée entre la 4ème et la 6ème place des spéciales et ma remontée est plus lente qu’espéré.

Au moment d’aborder l’ultime chrono je suis encore en course pour la 4ème place du jour, ce qui montre que je n’ai jamais lâché le morceau. Malheureusement, alors que je pars avec pour objectif de tout donner, je vais subir un terrible coup du sort. Alors que j’aborde une grande montée bien vicieuse un spectateur m’indique de suivre une trace ; Je m’exécute en lui faisant confiance car les passages répétés des concurrents a complètement changé la physionomie du parcours ; Mais une fois lancé je lève les yeux et m’aperçois avec stupeur qu’un pilote élite est complètement planté dans la trajectoire et doit même faire demi-tour. Je suis stoppé net dans mon élan car il n’y a aucune possibilité de de sortir de l’ornière pour passer, donc je dois moi aussi faire demi-tour pour redescendre et cette fois franchir l’obstacle...
Le monde s’écroule sur moi, je fulmine dans mon casque. Je sais que les efforts de la journée entière sont réduits à néant. J’ai tellement perdu de temps dans l’histoire (environ une minute) qu’un pilote junior a même pu me doubler dans la spéciale. Je suis miné.
Fort heureusement pour moi, plusieurs autres pilotes juniors vont eux aussi connaître des déconvenues sur ce tracé « roulette russe ». J’espère que ceci limitera les dégâts mais je ne crois pas non plus au miracle.

De retour au parc je ne sais même pas mon résultat du jour car tout a été bouleversé. C’est finalement à la 8ème place que je conclus cette journée, disons le, de m
**de.

Il ma fallu quelques heures pour faire un bilan objectif sur ce week-end « up and down ». Je préfère n’en retenir que le positif, à savoir que ma moto a parfaitement fonctionné, que j’ai très bien roulé le samedi et que je n’ai jamais lâché l’affaire le dimanche.
D’un point de vue comptable j’ai fait une belle opération puisque je remonte à la 3eme place du classement provisoire du championnat de France, à sept point de deuxième ce qui me laisse encore l’espoir de viser plus haut. Si je considère que le leader est également le leader du championnat du monde et que le deuxième est dans le top10 mondial, je suis plutôt satisfait de mes prestations.
Sur les deux dernières épreuves du championnat j’ai pour objectif de rééditer mes « exploits » et surtout de goûter à nouveau aux joies du podium, ce qui serait une belle récompense.

Outre mes parents et partenaires, je tiens à remercier chaleureusement le team Gadou et goudron, la famille Servajean, Gagnoud, Jagu et De Soultrait qui m'ont accueilli dans le paddock A et m'ont ainsi permis de mieux exposer mes partenaires tout au long du week-end.

Je vous donne rendez-vous dans un mois sur mes terres aveyronnaises pour l’Aveyronnaise classic.

Aucun commentaire: